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Argus de l'assurance : FFEA, née sous une bonne étoile

Publié le 02 novembre 2021

La Fédération française de l’expertise automobile (FFEA) est bien née. C’est officiel, depuis le 14 octobre, date de la dernière assemblée générale de l’Alliance nationale des experts en automobile (Anea), qui a adopté, à l’unanimité, ce changement de nom.

Pour l’organisme représentant la profession des experts en automobile, cela marque un aboutissement, celui de l’unité, maintenant qu’il réunit tous les cabinets et entreprises d’expertise en automobile. En rassemblant plus de 571 entreprises et plus de 5 000 collaborateurs (personnel des cabinets et entreprises), la FFEA peut revendiquer de fédérer l’ensemble de ses acteurs sociaux pour assurer leur représentativité sur les plans métier, social et économique.

La FFEA a pris l’initiative, dès le lendemain, de consacrer son premier symposium à « L’Intelligence artificielle (IA) dans la gestion des sinistres : risques ou opportunités ? ». Car ce grand sujet concerne l’ensemble des acteurs impliqués dans la gestion des sinistres. Cette technologie, en réduisant les délais d’analyse des dommages, est un moyen d’améliorer le service pour indemniser, évaluer, et réparer. C’est pourquoi, à côté des experts en automobile, les pouvoirs publics, les assureurs et les réparateurs étaient représentés pour faire connaître leurs visions respectives.

La qualité des échanges a permis de compren­dre que le système de vision par ordinateur pour identifier les dommages sur un véhicule et livrer un chiffrage (dérivé d’IA dans le domaine des sinistres) n’était pas un nouvel acteur de la chaîne de la réparation-collision, mais un nouvel outil de diagnostic des dommages. À ce titre, son apport dans ce domaine ne peut se substituer à la responsabilité humaine.

Car si les assureurs peuvent s’appuyer sur l’IA dans leur processus d’indemnisation a priori pour les petits chocs, ils devront encore, face à leurs assurés, prendre la responsabilité du règlement de gré à gré, sans la garantie de l’expertise. Et si les experts en automobile peuvent s’appuyer sur l’IA dans leur processus d’évaluation, ils devront encore voir les chocs du véhicule endommagé, car, selon les propos de la déléguée interministérielle à la sécurité routière, l’IA « ne bénéficie pas du capital confiance lui permettant de se substituer à l’œil de l’expertise humaine (1) ». Et si le réparateur bénéficie de cette assistance artificielle pour chiffrer les travaux à réaliser sur un véhicule, elle ne pourra pas se substituer à lui pour établir un devis.

Le déploiement de l’IA montre que les décisions de ses acteurs seront de plus en plus empreintes d’une combinaison d’intelligence humaine et artificielle. Ces systèmes d’IA capables d’intégrer un éventail très large de variables liées aux dommages des véhicules seront des atouts, notamment pour l’assureur, qui sera guidé dans le traitement des déclarations de sinistres. Mais il faudra encore encadrer juridiquement cette assistance artificielle, notamment en termes de responsabilités et de limites. C’est là que la FFEA s’est déjà fait entendre, en laissant entrevoir que cette IA ne doit pas permettre à l’assureur de s’immiscer dans le processus d’estimation, pour devenir le calife à la place du calife ?

1. Marie Gautier-Melleray, déléguée interministérielle à la sécurité routière, symposium 2021 de la FFEA, le 15 octobre.

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